Manon, étudiante en Sciences de la motricité


En Europe et aux Etats-Unis, au moins 70 000 personnes meurent chaque année suite à un arrêt cardiaque. Des témoins sont présents dans 60 à 80% des cas hors hôpitaux mais moins de 20% sont capables de réagir adéquatement

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ntégrer l'apprentissage de la réanimation dans le cours d'éducation physique en fin d'études secondaires augmenterait de façon notable le taux de survie. Pour rencontrer cet objectif, l'Université de Liège, en étroite collaboration avec la Ligue Francophone Belge de Sauvetage, a mis en place un projet unique en Fédération Wallonie-Bruxelles : "Oser sauver à l'école".

La mise en oeuvre de ce projet est portée par Manon Collin, une étudiante de master en Sciences de la Motricité.

Concrètement, en quoi consiste le projet "Oser sauver à l'école" ?

Former les professeurs du secondaire en éducation physique aux gestes des premiers secours pour qu'à leur tour ils forment leurs élèves à ces gestes, tel est l'objectif du projet "Oser sauver à l'école" mis sur pied par l'ULiège. En effet, si les enseignants en éducation physique du secondaire possèdent, en général, les connaissances de base en réanimation, ils n'ont pas forcément les outils pour les transmettre à leurs élèves.

Dès lors, un cycle de 6 séances de 50 minutes a été mis en place pour qu'ils puissent, en toute autonomie, apprendre à leurs élèves à réaliser des compressions thoraciques, des insufflations et à utiliser efficacement un défibrillateur. Pour vérifier leurs acquis, des questionnaires leur sont remis avant et après le cycle. Des phases de contrôle sont également organisées, dont une filmée, tandis que l'évaluation finale se fait sur un mannequin électronique. Ce matériel permet une apréciation très précise de leur capacité à réaliser une réanimation cardiopulmonaire efficace.

Chacun de ces gestes, s'ils sont bien effectués, augmentent de 3 fois les chances de survie d'une personne faisant un arrêt cardiaque. Plus qu'un apprentissage, ce projet s'inscrit donc dans une véritable démarche citoyenne.

Une collaboration entre des enseignants de l'ULiège et la Ligue Francophone Belge de Sauvetage & le travail de fin d'études de Manon Collin, étudiante en Sciences de la motricité

"Tout a commencé par la volonté commune d'enseignants en Sciences de la motricité de l'ULiège et de responsables de la Ligue Francophone Belge de Sauvetage de mettre leurs compétences au service de l'enseignement secondaire", explique Alexandre Mouton, assistant de formation au CEFEN (ULiège) et chargé de cours adjoint en Sciences de la motricité.

L'expertise scientifique des premiers et le matériel de pointe prêté par les seconds permettaient au projet, unique en Fédération Wallonie Bruxelles, de prendre forme.

C'est l'année dernière, au cours Projet d'analyse de l'intervention en éducation physique et recherche action du professeur Marc Cloes au programme du master 1 en Sciences de la motricité que le projet a démarré. En choisissant une question directement liée à leurs expériences pratiques sur le terrain (enseignement, club sportif, loisirs actifs), les étudiants vont développer et expérimenter une innovation pédagogique ou mettre en place une recherche action limitée dans le temps. Cette démarche les amène à mobiliser les connaissances et compétences acquises au cours de leur formation, à vérifier de manière empirique le bien-fondé de leur action et à s'interroger sur leur pratique.

C'est dans ce cadre que Manon s'est consacrée au projet "Oser sauver à l'école". Une première étude avec une école d'abord - le Centre Scolaire Saint-Benoît Saint-Servais à Liège -, une enseignante en éducation physique et des élèves ultra motivés, une direction enchantée et des résultats très encourageants ont convaincu l'équipe ULiège et ses partenaires de l'étendre dans plusieurs établissements. Les élèves se sont de suite fortement impliqués dans le projet et la première évaluation était très positive, explique l'étudiante. La plus-value de ce cycle au sein du cours d'éducation physique a clairement fait l'unanimité ! Cela change aussi la perception qu'ont les élèves du cours. L'éducation physique c'est bien plus que la pratique d'un sport !

La recherche circonscrite de Manon en master 1 s'est tout naturellement poursuivie par un travail plus conséquent qu'elle mène désormais à travers son mémoire de master 2. Aujourd'hui 9 écoles secondaires des provinces de Liège, Namur et Luxembourg impliquant 13 enseignants et plus de 400 élèves, participent au projet.

Et si, à l'avenir, chaque élève sortant de rhéto était capable de sauver une vie ?

 Ce rêve que caressent tous les partenaires du projet deviendra peut-être réalité. Si les résultats sont concluants, "Oser sauver à l'école" pourrait intégrer la formation des enseignants en cours de carrière et faire partie intégrante du programme du cours d'éducation physique du cycle supérieur du secondaire. Ce serait vraiment très bénéfique pour tous, commente Alexandre Mouton.

modifié le 31/07/2023

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